Engagement et bénévolat des jeunes

[Octobre 2023]

Nous entendons souvent dans nos accompagnements que les jeunes ne s’engagent plus...

Et pourtant :
• Près d’un jeune sur trois donne bénévolement de son temps pour une association, le plus souvent au moins deux fois par semaine.
• Les principaux domaines d’engagement bénévole des jeunes sont le sport (36 %), la jeunesse et l’éducation (19 %), la culture ou les loisirs (18 %), le social et la solidarité (16 %)."

Les modes d’engagement ont en revanche changé  : les jeunes privilégient les actions concrètes et l’autonomie d’action : pétitions en ligne, manifestations, boycott, diffusion de contenu en ligne…Il s’agit souvent d’investissement à plus court terme, sur un projet bien délimité, avec une forte visibilité et un impact jugé plus rapide et direct (car plus médiatisé).

Voici 𝟯 𝗽𝗶𝘀𝘁𝗲𝘀 (et un bonus !) 𝗽𝗼𝘂𝗿 𝘃𝗼𝘂𝘀 𝗮𝗰𝗰𝗼𝗺𝗽𝗮𝗴𝗻𝗲𝗿 𝗱𝗮𝗻𝘀 𝘃𝗼𝘀 𝗿𝗲́𝗳𝗹𝗲𝘅𝗶𝗼𝗻𝘀 :

1- Est-ce que vous voulez accueillir des jeunes pour les bonnes raisons ?

Accueillir des jeunes pour accueillir des jeunes n’a pas grand intérêt. Les problématiques de renouvellement de votre démocratie et ou de votre conseil d’administration n’est d’ailleurs pas forcément liées à la question de l’âge. Et puis d’abord, qu’est-ce qu’un jeune pour votre collectif ? Attirer des personnes de 16 à 25 ans ou de 30 à 45 ans ce n’est pas la même chose !

Fuyons une certaine mode actuelle qui anonce que « sans jeunes », une association est vouée à dépérir. Rappelons que l’association loi 1901 c’est « deux ou plusieurs personnes [qui] mettent en commun, d’une façon permanente, leurs connaissances ou leur activité dans un but autre que de partager des bénéfices... » il n’est ni question d’âge ni de représentativité !

Les questions à se poser :

  • Quelle sera la place effective des moins de 25 ans dans le projet ?
  • Quel intérêt pour eux de vous rejoindre ?
  • Êtes-vous prêts à changer de point de vue ? À vous remettre en question ? À être bousculés ? À innover ?
  • Le parcours d’engagement dans votre structure est-il clair ? On ne devient pas administrateur du jour au lendemain ! Quelles sont les étapes pour découvrir votre structure, ses projets et les modes d’engagements possibles (temporaires, réguliers, à long terme...)

2- Votre système de gouvernance est-il compatible avec l’accueil de l’engagement jeunes ?

Ne l’oublions pas, entre 16 et 29 ans, près de la moitié des jeunes (46%) passe leurs journées dans un établissement scolaire ou en études supérieures. Dans leur planning il faut donc jongler entre les cours, les activités extrascolaires, la famille, les amis...

Les questions à se poser :

  • Comment prenez-vous en compte ces contraintes dans votre fonctionnement ? (heures, durées des réunions, visio…)
  • Vos statuts permettent-il à des mineurs de rejoindre vos instances ? Quels droits ont-ils ?
  • La cotisation est-elle obligatoire pour être bénévole dans votre structure ? Si oui, un tarif spécifique pour prendre en compte le pouvoir d’achat des jeunes est-il prévu ?

« En dépit d’un fort climat d’inquiétude, 81 % estiment que leur génération a le pouvoir d’agir et 76 % que les ONG ou les associations peuvent réellement changer les choses. Le défi pour le monde associatif sera de proposer de nouvelles formes d’action qui soient en phase avec cette appétence de s’engager autrement, de manière plus globale et moins cloisonnée.Jérôme Fourquet, la Fondation de France »

3- Votre communication (messages et canaux de communication) est-elle adaptée ?

Lorsqu’on évoque avec des jeunes les raisons de leur engagement voici les éléments clés qui ressortent :

  • comprendre l’intérêt (concret) de ce qu’on apprend à l’école
  • découvrir, connaître et comprendre le territoire où je vis
  • Se créer / développer un réseau professionnel (pour trouver + tard un stage, emploi…)
  • vivre une expérience humaine forte ! En confiance
  • acquérir des savoir-faire, gagner en responsabilité

Vos messages de communication prennent-ils en compte ces éléments ?

Nous voyons trop souvent encore des messages basés sur le « nous avons besoin de vous » ce type d’approche étant de moins en moins efficace. Votre message doit désormais plutôt s’axer sur la qualité de la relation et les bénéfices réciproques que le bénévolat apporte.

D’autre part, pour bien communiquer avec les moins de 25 ans il faut prendre en compte leurs habitudes et attentes de communication : TikTok , Snapchat, Instagram, Discord, Messenger… Les réseaux sociaux ont la cote. De même, que les formats de communication très courts, visuels et vidéo.

On n’oubliera pas l’importance du bouche à oreille, de la recommandation et de la communauté dans ces âges. On peut ainsi chercher des ambassadeurs (les fameux influenceurs) pour faire le relais ! Pas besoin de chercher à joindre Rihanna pour cela, les influenceurs locaux avec des communautés à taille raisonnable et très engagées sont à privilégier.

Enfin, communiquer avec des jeunes en tentant d’imiter leurs codes est souvent contre-productif. Pour « parler jeune » le mieux est « d’être jeune ». Pensez à construire vos messages et supports de communication avec des volontaires qui ont la tranche d’âge des personnes que vous souhaitez atteindre ! Un bon moyen d’éviter d’être stigmatisant ou infantilisant.

Et pour conclure…

4 – L’arbre qui cache la forêt ?

Et si, finalement, la question de l’engagement des jeunes dans nos associations n’était que l’arbre qui cache la forêt. Et si nous faisions fausse route en voulant opposer « jeunes » et « anciens » ? Le sujet concernerait alors toutes les tranches d’âge…Comment repenser nos projets, nos gouvernances, nos fonctionnements pour que le citoyen de 2023 ait de nouveau envie de s’engager à long terme dans une structure (et d’ailleurs faut-il que ce soit à long terme ?)… À suivre !

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